Pourtant,
Inara est attestée également en pays luwite, en Anatolie méridionale,
c'est-à-dire en une région où il n'y a pas de fond de
population hatti : Inara est une déesse commune anatolienne, autrement
dit, les Anatoliens l'ont apportée avec eux, des Balkans, et la linguiste
Françoise Bader note que son nom est apparenté à celui
de la déesse de la guerre sabine, Nerio, qui remonte à l'indo-européen
*ner-, "force". Il est remarquable qu'Inara soit étroitement
liée au cerf, alors que saint Efflam et saint Gengoulph, patrons des
cocus, reprennent assurément les traits du Cernunnos gaulois, à
la ramure de cerf, c'est-à-dire en fait Lug, dont les formes Esus et
Cernunnos, comme l'a bien vu Jean-Jacques Hatt, connotent le cycle annuel.
De fait, le dieu dit KAL, et dont Inara est une forme féminine, est
étroitement lié, non seulement au cerf, mais aussi au disque
solaire : cela le rapproche à la fois d'Apollon et d'Artémis,
qui sont maîtres des animaux, solaire (le premier), liée au cerf
(la seconde). Or, j'ai montré ailleurs l'équivalence, au plan
indo-européen, du dieu celtique Lug et du dieu grec Apollon.