Il
faut par ailleurs souligner le parallélisme entre la légende
bretonne étudiée ici et d'autres traditions du monde indo-européen
: - Le dragon est cornu, dit le Cantique de 1819, et Arthur parvint tout juste
à lui couper les cornes de son épée : l'un des dragons
de la tradition iranienne est Azi Srvara, textuellement "Serpent
cornu", et il fut tué, à la massue, par le héros
guerrier Keresâspa (on a souligné la version selon laquelle Arthur
a combattu le dragon à la massue). - Arthur tomba évanoui, dit
le même texte, devant les flammes et la fumée du dragon : dans
une tradition du même cycle, Arthur allait sacrer chevalier le jeune
Ider, après l'avoir mené à une montagne ("des grenouilles")
où se trouvaient trois géants malfaisants. Ider prit les devants,
et alla combattre seul la triade d'adversaires. Il les vainquit, mais Arthur
le trouva ensuite évanoui, et le crut mort : comme l'a bien vu Joël
Grisward, cette mort apparente rappelle à la fois la mort initiatique,
classique dans les rituels d'initiation, et l'épuisement ou anéantissement
qui frappe, dans plusieurs traditions indo-européennes d'exploit guerrier,
le vainqueur.- Vrtra, le dragon vaincu par Indra, était dans lobscurité,
et, après sa défaite, y retourne, tout comme Illuyanka et le
dragon dEfflam, vaincus, retournent exactement là doù
ils viennent.- Noter que le combat d'Ider se situe à Noël, ce
qui est le temps de la fête de jûl où l'on combat
le dragon dans le domaine germanique, comme l'a souligné Grisward,
celui de la fête de purulli, et l'un des temps du mythe d'Efflam.
Enfin, cet Ider était "fils du roi Nuth" : or, le nom propre
Nuada se retrouve en gallois et breton dans des formes Nudd,
Nuz : ainsi Ider est le fils du dieu-roi qui peut être lun
des prototypes divins d'Arthur...- Les exégètes admettent en
général que la Vie médiévale de saint Efflam
sinspire de celle de saint Alexis. Sans entrer dans une discussion philologique,
je note quil nexiste quun point commun entre les Vies
de saint Alexis et de saint Efflam : tous deux ont fui le mariage au moment
même où leurs parents leur présentaient une fiancée.
Pour le reste, elles diffèrent du tout au tout.- B. Merdrignac mécrit
: plusieurs épisodes servant ici à la comparaison ne figurent
pas dans la Vita médiévale, mais seulement dans la tradition
recueillie aux XIXe-XXe siècles. « Doù deux hypothèses
: ou bien il y a eu contamination de la légende de saint Efflam par
des motifs venus dici ou là, et le parallèle nest
pas probant. Ou il existait une tradition orale structurée et cest
lhagiographe qui laurait censurée et démembrée
». Tout ce qui est dit ici - et tout ce que les travaux des membres
de la Société de Mythologie Française enseignent -, cest
que la seconde hypothèse est la bonne.