Quant au sens fondamental du mythe, qui n'a pas fait non plus l'objet de cette étude, il a été bien vu par les exégètes de la religion hittite : Illuyanka, tout comme le monstre Hahhima, symbolise l'hiver. Le dieu de l'Orage est vaincu : en effet, maître des pluies, il donne la fertilité aux terres (cf. en Grèce : "Zeus pleut"), ce que l'hiver suspend totalement. Sa défaite finale ouvre le printemps. A cet égard, que le gouffre où est englouti le dragon breton s'ouvre à la Pentecôte paraît signifier : l'hiver est bien fini, il est englouti et ne sortira plus. En Grèce, le nom propre Tuphaôn, ou Tuphôeus, est lié à tuphôs, "tempête, tourmente", le monstre qui, dans Hésiode, est à l'origine des vents dangereux, hostiles à la navigation, donc hivernaux, et, dans le grand récit de Nonnos, il symbolise l'hiver qui se prolonge... jusqu'à l'équinoxe de printemps, ce qui rappelle encore le "comportement" de notre dragon breton (Dionysiaques, I, 173-183, et III). De même, chez les Indo-Iraniens. Et, si des mortels doivent, dans les trois mythes (hittite, grec, breton), intervenir de façon décisive pour se débarrasser du dragon, on soupçonnera qu'il y a là une allusion à l'action rituelle des hommes pour aider le dieu céleste à repousser l'hiver : l'importance donnée à la musique va dans ce sens (Kadmos musicien, Efflam donnant des instruments de musique au dragon, chants lors de la fête de purulli).