Les
paysages ne sont pas neutres : ils possèdent une physionomie, un
caractère, une sensibilité. Monts et rivières, bois
et plaines ont une âme. Ils sont habités.
Habités par les hommes qui les ont investis et modifiés
selon leurs besoins et leur fantaisie. Habités également
par une multiplicité d'êtres que ces mêmes hommes y
ont répandus pour expliquer les aspects et les particularités
de la nature, pour justifier les sentiments - de crainte ou d'admiration,
de joie ou de tristesse ... - qu'ils éprouvaient, pour comprendre
enfin leur place dans l'Univers et dans son devenir.
Rares sont les communes qui n'ait abrité sur son territoire quelques-uns
de ces êtres légendaires, qui n'ait raconté des histoires
les montrant en action, qui ne les ait révéré d'une
façon ou d'une autre, qui n'ait sollicité leur aide ou qui
n'ait tenté de les conjurer.
Ils
sont aujourd'hui bien souvent oubliés, mais les traces en restent
visibles ou plus ou moins facilement accessibles. Les noms de lieux les
évoquent, les figures qui peuplent notamment les églises
les montrent, les fêtes en parlent, les histoires - dont on se souvient
ou que l'on relit - les racontent.
Ils ne demandent qu'à ressurgir et à faire vibrer notre
mémoire. Ils attendent notre regard pour reprendre leur place dans
un ensemble de conceptions et de croyances qui furent leur raison d'être.
“Tous
les pays qui n'ont plus de légendes
seront condamnés à mourir de froid”