Nombre de fêtes se célèbrent d'abord non le jour même, mais la veille au soir du jour consacré. La "veille", c'est en latin vigilia. D'où le nom qui a été retenu dans le calendrier religieux pour désigner ce jour qui précède : la vigile. C'est le cas de Noël, avec le réveillon, la messe de minuit, l'arbre et la visite du Père Noël. C'est aussi le cas de Pâques avec la veillée pascale, et celui de la Saint-Jean avec les feux le soir du 23 juin. On peut dire qu'il en va de même pour la fête de l'an où c'est la nuit de la Saint-Silvestre que l'on choisit pour faire bombance. On a, non sans raison, pu rapprocher ce fait de la façon celtique de comptabiliser les jours : à partir du moment où la nuit tombe, ce qui fait que la nuit qui précède une fête fait déjà partie de cette fête. Mais cette coutume est loin d'être réservée au monde celtique. On la reconnaît dans la plupart des cultures du monde. Et il peut sembler plus judicieux de la rapprocher des rites de passage : un temps de préparation, de mise en condition est nécessaire, pour l'individu comme pour le groupe social, pour accéder à la célébration elle-même. Et ce travail sur soi peut s'avérer tout aussi, sinon plus important, exigeant et gratifiant que le rituel qui en est l'aboutissement et l'actualisation : le futur chevalier, le futur initié, le futur communiant, le défunt lui-même par la veillée funèbre, doit faire retraite, s'abstraire du monde profane et se soumettre à un temps de réflexion, de mortification, d'ajustement au sacré avant d'accéder au rituel proprement dit de la cérémonie. C'est ce nécessaire cheminement que vient couronner la vigile.
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