Il s'agit là d'un personnage clef de la mythologie française. L'ermitage est, avec le château qui représente la civilisation, un des pôles qui guident l'errance des chevaliers de la Table Ronde : blotti au plus profond de la forêt, il constitue un îlot de piété, de bonté et de sagesse où le "navré" (le blessé) peut se reconstituer, l'égaré retrouver la bonne voie et l'indécis se voir expliciter le sens profond des aventures qu'il vit. L'ermite est en même temps un personnage fondateur : il apporte la religion et la civilisation dans le "désert", dans ces zones délaissées où elles n'ont pas encore pénétré. Tout à la fois saint et homme sauvage, "moine" au sens étymologique du terme (grec monos = "seul"), il représente tous ces prosélytes - réels ou légendaires ou, le plus souvent, à la fois historiques et légendaires - qui se sont installés en marge de la société profane : évangélisateurs envoyés ou non par saint Pierre pour apporter la bonne parole à la Gaule, religieux venus de la Grande-Bretagne pour témoigner en Armorique, fils de grandes familles qui se retirent dans la forêt ..., on retrouve leurs traces en toutes régions. On peut voir les grottes où ils ont vécu, les sources qu'ils ont fait jaillir, les pierres sur lesquelles ils se sont reposés. Les légendes rappellent leurs exploits et leurs miracles. Et la dédicace des églises et les toponymes perpétuent souvent le souvenir de leur ancienne présence.
voir : LES ERMITES ET LA FORÊT DANS LE ROMAN ARTHURIEN, par Georges Bertin
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