Les premières traditions de Nantes se rattachent à la forge et au travail des métaux, tout autant qu'au commerce : un grand nombre d'épées préhistoriques draguées dans la Loire semblent indiquer des cultes liées à quelque dieu du fleuve. Et Rome semble avoir consacré la ville à Vulcain, en lui confiant le patronage des forgerons et de la batellerie. Nantes apparaît plusieurs fois dans les romans arthuriens : c'est là qu'est célébré le mariage d'Erec et Enide, et c'est dans la tour du Bouffay que la mère de Caradoc est retenue prisonnière. Ce serait Carnant, la capitale du roi Lac, père d'Erec. L'épée remise à Perceval au château du Graal y avait été forgée par Trébuchet (nom typiquement nantais), et, une fois brisée, ne pouvait être ressoudée que par la vertu de l'eau d'une fontaine située aux portes de cette ville. Un corpus légendaire et hagiographique s'est par ailleurs développé autour de la ville de Nantes :
D'emblée la ville semble placée sous le signe des jumeaux (Gémeaux) et des Dioscures. Le géographe Timée ne notait-il pas, dès le IIIème siècle av. J.-C., que " les Celtes riverains de l'Océan ont une vénération particulière pour les Dioscures " ? Il s'agissait apparemment de héros fondateurs, venus de la mer. C'est bien un couple de frères martyrs, qui peuvent symboliquement considérés comme des jumeaux, que l'on retrouve en tant que fondateurs de la ville chrétienneà la fin du IIIème siècle : saints Donatien et Rogatien. Deux évêques illustrèrent aussi cette période à Nantes, même si l'on a pu dire du premier d'entre eux, saint Clair, qu'il avait été directement envoyé par saint Pierre dès le Ier siècle. C'est à son nom sans doute qu'il a dû sa réputation de pouvoir rendre la vue aux aveugles, infirmité qui le toucha, paraît-il, lui-même. Saint Similien, troisième dans la liste des évêques nantais, a pu être cité comme sauroctone. Une église lui a très vite été dédiée la tête jetée par les Normands dans le puits situé dans l'église qui lui est dédiée hors les murs de Nantes, dans une zone collines boisée, à l'opposé d- on ne pouvait regarder dans le puits sans encourir la colère du saint)
Une horrible bête, un dragon hantait l'épaisse forêt qui s'étendait au nord-ouest de Nantes, autour de la vallée de la Chézine et jusqu'à l'actuelle place du Martray. Il terrorisait les populations, s'attaquant aussi bien aux troupeaux qu'aux paysans et aux voyageurs. Les Nantais firent alors le vu d'édifier une chapelle à la Vierge s'il pouvait être terrassé. Trois chevaliers partent en quête du dragon, qui tue et dévore l'un d'eux. Mais il se soumet aux deux autres qui l'abattent. C'est ainsi que fut édifiée la chapelle Notre-Dame-de-Miséricorde, qui n'existe plus mais dont le nom a été perpétué par le cimetière. Et la mâchoire du monstre fut conservée jusqu'à la Révolution dans le trésor de la cathédrale. Saints Derrien et Neventer, qui peuvent eux aussi être qualifiés de "jumeaux", semblent faire écho à cet épisode : ils se rendent dans ces abords de Nantes dédidément marquée par la lutte contre les dragons. Ils se recueillent dans l'église Saint-Similien avant d'enfourcher les chevaux que leur confie l'évêque et de s'en aller terrasser un autre dragon dans le Finistère. Au temps de Clovis, vers 510, Nantes était assiégée par les Saxons. Une nuit, leur chef, Chillon, fut témoin d'un étrange phénomène : une double procession se déployait, en robes blanches, à partir des églises Saint-Similien et Saint-Donatien pour aller se rejoindre au milieu. Et cette vision l'impressionna au point qu'il leva aussitôt le siège.
Nantes a également été le site d'un cas de céphalophorie, associé à deux églises Saint-Pierre : Alors qu'en 843 les Normands approchent dangeureusement, la population trouve refuge dans la cathédrale, autour de son évêque, Gohard. Mais les hordes sauvages forcent les portes et massacrent tout le monde. Ce 24 juin, jour de la Saint-Baptiste qui eut lui aussi la tête tranchée, Gohard est décapité au pied de son autel. Mais il se relève, ramasse sa tête et, suivi par les Normands stupéfaits, gagne les rives de la Loire. Là un bateau l'attend, sans voile ni rame, qui remonte le fleuve puis la Maine, jusqu'à Angers, la ville natale de Gohard. Les cloches de la ville se mettent alors à sonner d'elles-mêmes, jusqu'à ce que le clergé vienne en gande pompe accueillir le saint martyr afin de l'enterrer dans l'ancienne église Saint-Pierre. A la même époque, Alain Barbe-Torte, sur le point de reprendre la ville aux Normands, se trouve avec son armée pris d'une soif terrible. Il invoque la Vierge qui fait jaillir une fontaine que les Nantais ont nommée la Fontaine Sainte-Marie.
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